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Voici la suite de la vie d’une femme, celle d’Alix Angélina METIVIER. La première partie de l’article avait permis d’aborder sa jeunesse, sa scolarité et son adolescence. 

Son mariage

 

C’est l’année d’après qu’Alix Angélina se marie. Elle épouse Fernand BODIN, tonnelier,  le 21 novembre 1905. Le mariage est célébré à la mairie de Rioux. Lui est âgé de 29 ans et elle de 25 ans. Ils viennent tous les deux de familles de cultivateurs propriétaires de villages voisins.  Ils n’ont pas fait de contrat de mariage, c’est donc la communauté de biens qui s’applique pour eux.

En-tête de l'acte de mariage entre Fernand BODIN et Alix Angélina METIVIER, le 21 novembre 1905

Les témoins du côté de l’époux sont deux personnes de confiance, que nous retrouverons plus tard : Eugène GALLIER, son beau-frère, ainsi qu’Eugène MAGUIER, un de ses oncles. Alix, quant à elle, choisit comme témoins son frère Timoléon et un de ses cousins, Guillaume VERDON, de Royan.

Eglise de Rioux vers 1900

Eglise de Rioux – Collection personnelle

Des projets professionnels et une vie de famille

 

Le couple s’installe dans un premier temps à Rioux, au lieu-dit Verderou, dans une ferme à quelques mètres de Chez Coutant, où habite Armand BODIN, le père de Fernand. Ce dernier y installe son atelier de tonnelier, et travaille à son compte.  Ils y sont recensés tous les deux en 1906 :

Extrait des recensement de la commune de Rioux en 1906, famille Bodin et Métivier

Recensement 1906 – à Rioux – Le Verderou – Archives Départementales de la Charente-Maritime

Un premier enfant dans la famille

Une première naissance arrive dans cette famille. Alix donne la vie à la petite Marie-Anne BODIN, le 31 Aout à 13 heures au domicile familial au Verderou. On retrouve de nouveau Eugène MAGUIER, qui vient déclarer la naissance de l’enfant à la mairie, le 2 septembre, accompagné d’un autre propriétaire du village, René MEIGNIER.

Le projet d’une vie

Les projets vont bon train pour Alix et Fernand, puisque deux ans après, en 1909, ils décident d’acquérir l’épicerie-mercerie du village voisin de Saint-Simon-de-Pellouaille, afin de s’y installer, lui comme tonnelier, elle comme épicière. Un contrat de vente est conclu avec les héritiers de la famille SALLE, en Avril 1909, chez le notaire, maître RENAUD, à Tesson, en vue de la cession du fonds de commerce.

Article sur l'achat de l'épicerie mercerie de Saint Simon de Pellouaille en 1909

L’Indépendant de la Charente-Maritime du 18 mai 1909

C’est cet article, nous dévoile des pistes de recherches aux Archives Départementales.

 

L’acte de vente est passé en avril 1909 chez Maître RENAUD à Tesson. Grâce à l’inventaire en ligne des Archives Départementales de la Charente-Maritime, j’ai pu obtenir la cote qui m’intéresse dans les minutes notariales. Ma prochaine visite dans ce dépôt d’archive devrait me permettre de récupérer de document, sous la cote 3E100/211.

 

Des années heureuses à Saint-Simon

D’une ferme au Verderou, au beau milieu de la campagne saintongeaise, la famille part s’installer dans un commerce, dans le bourg de Saint-Simon-de-Pellouaille. Cela a dû être un sacré changement de vie pour eux ! Un enfant, un commerce, Alix et Fernand ne manquent pas de défis depuis leur mariage quatre ans plus tôt.

La famille s’épanouit dans sa nouvelle vie, au contact des villageois et de la clientèle. Le foyer est complété par Zélida GRILLET, la mère d’Alix qui, à 73 ans, n’a plus tous ses moyens pour continuer de vivre seule. Peut-être aide-t-elle au commerce ou à l’éducation de la petite Marie-Anne, qui a déjà 4 ans en 1911.

Extrait des recensements de Rioux en 1911, au Verderou. Famille Bodin et Métivier

Recensement 1911- à Rioux – Archives Départementales de la Charente-Maritime

Je ne suis pas tout à fait sûr de moi, mais il y a de  fortes chances pour que le commerce qui apparait sur la droite de cette photo, soit celui où Alix tenait son épicerie-mercerie. Nous sommes au croisement de la route de Saint-Simon et de la rue de Bénigousse. Le photographe, dos à l’église, est orienté plein nord. La photo doit dater des années 1940, mais le centre du village n’a que très peu changé durant ces années. Je garde cette hypothèse de côté et irai la vérifier aux Archives Départementales.

Le bourg de Saint-Simon-de-Pellouaille vers 1940

Le bourg de Saint-Simon-de-Pellouaille vers 1940 – Collection personnelle

 

L’acte de vente du fonds de commerce, précédemment cité, va peut-être nous révéler un numéro de parcelle, que je pourrai recouper avec le cadastre de la commune de Saint-Simon-De-Pellouaille et ainsi déterminer si ce commerce est bien le bon. Le cadastre Napoléonien indique la parcelle n°405. Je n’aurai qu’à comparer. Ces recherches sont à faire en série P. Beaucoup de dépôts d’archives ont déjà numérisé leurs matrices cadastrales !

 

La naissance de Blanche Marie Madeleine

La vie est belle à Saint-Simon-de-Pellouaille. Et puisqu’un un bonheur n’arrive jamais seul, Alix tombe de nouveau enceinte, à la fin de l’année 1911. La petite Blanche Marie Madeleine nait le dimanche 21 juillet 1912, à 18 heures, au domicile de la famille.  Il s’agit de mon arrière-grand-mère, que l’on a toujours appelée « Grand-Mère Madeleine ». La voici, à l’âge de dix-huit mois:

Madeleine BODIN, âgée de 18 mois. Photographie prise en 1914.

Madeleine BODIN âgée de 18 mois – Collection personnelle

 

Alix a maintenant trente-deux ans, un mari aimant, deux jolies filles à élever, et un commerce à tenir. Que demander de plus ? Malgré une arrivée tardive dans sa famille et la séparation de ses parents alors qu’elle n’était qu’une enfant, la montpelliéraine a néanmoins réussi à tirer son épingle du jeu en inversant un destin  pas forcément bien embarqué.

Voici la seule photographie d’Alix Angélina METIVIER, qui soit parvenue jusqu’à nous. Un trésor de famille.

Portrait d'Alix Angélina Métivier

Portrait d’Alix Angélina Métivier – collection personnelle

 

En juin 1914, tout bascule

 

Une vie de famille brisée

La vie peut, certes, offrir de très belles choses, mais tout peut aussi très rapidement basculer. Alix Angélina décède dans la nuit du 18 au 19 juin 1914, à quatre heures du matin, dans sa maison. Elle n’a alors que trente-trois ans et laisse derrière elle deux filles de sept et deux ans ainsi qu’un mari désemparé. Fernand BODIN son époux, et Raphaël GUIGNER, son beau-frère se présentent à la mairie du village pour déclarer son décès.

Acte de décès d'Alix METIVIER le 19 juin 1914 à Saint-Simon-de-Pellouaille

Acte de décès d’Alix METIVIER le 19 juin 1914 – Archives communales de Saint-Simon-de-Pellouaille

Je ne connais pas encore les causes de son décès. J’ai bien peur que cette question soit à ranger dans le tiroir des sujets sans réponse qui hantent le généalogiste.

Deux semaines après le décès d’Alix, Fernand BODIN se présente de nouveau à la mairie. Il vient déclarer cette fois-ci le décès de sa belle-mère, Zélida GRILLET, le 5 juillet 1914. Elle vivait avec eux depuis trois ans. Les deux actes de décès, de la fille et la mère, se trouvent sur la même page du registre des décès de la commune. Cela m’a glacé le sang quand je l’ai découvert, à la mairie de Saint-Simon, un jour de mars 2021.

C’est ainsi que la vie de toute la famille bascule. Fernand, maintenant veuf, n’est pas en mesure de s’occuper à la fois de son épicerie, son atelier de tonnelier et de l’éducation de ses deux filles, qui sont encore petites.

Une famille séparée

Les deux sœurs sont donc séparées, et élevées dans deux foyers différents. Marie-Anne, l’aînée, part vivre chez Eugène MAGUIER, l’oncle de Fernand, qui vit non loin de là, à Rioux. On la retrouve, après la Première Guerre mondiale, en 1921, dans le fichier de recensement. Elle a alors 14 ans :

Extrait des recensements de Rioux en 1921 - Famille Maguier qui a recueilli Marie-Anne BODIN

Recensement 1921- à Rioux – Archives Départementales de la Charente-Maritime

Quant à Blanche Marie Madeleine, à peine deux ans, elle va partir près de la côte atlantique, dans le village de Meschers-sur-Gironde, distant de vingt-huit kilomètres. Son oncle Eugène GALLIER et sa tante Amélie BODIN vont l’élever chez eux, au hameau des Trois Journaux. Les liens qui unissent les deux sœurs vont très vite se dénouer, ce qui aura un impact dans leur vie future. Elles ne se fréquenteront que très peu par la suite, même une fois adultes.

Extrait des recensements de 1921 à Meschers-sur-Gironde - Famille GALLIER qui a recueilli Madeleine BODIN

Recensement 1921 à Meschers-sur-Gironde – Archives Départementales de la Charente-Maritime

Cette décision de séparer les deux sœurs n’a pas dû être facile à prendre. Pour en savoir plus sur les raisons de ces placements, je vais devoir creuser dans les archives de la Justice de Paix du canton de Gémozac.

 

Un conseil de famille a dû avoir lieu afin de nommer un ou des tuteurs et un subrogé tuteur pour Marie-Anne et Madeleine. Les conseils de famille peuvent être classés en série U des Archives Départementales.

 

Fernand BODIN, veuf et père des deux filles, se retrouve, quant à lui, seul, à Saint-Simon pendant plusieurs années. Il continue son activité de tonnelier.

Extrait des recensements de Saint Simon de Pellouaille en 1921 - Fernand BODIN

Recensement 1921- à Saint-Simon-de-Pellouaille – Archives Départementales de la Charente-Maritime

La vente de l’épicerie-mercerie

L’épicerie est revendue en novembre 1917, à Ismaël FABVRE et Marie Zélia GOUINAUD, de Villars-en-Pons, qui reprennent le fonds de commerce du bourg. Fernand BODIN signe l’acte de vente chez le notaire de Tesson, Maitre Martel BOTTON.

 

Je ne suis pas sûr que l’étude notariale de Tesson ait été versé ses archives aux Archives Départementales de la Charente-Maritime. J’irai vérifier pour obtenir l’acte de vente et donc éventuellement d’autres renseignements sur les propriétaires et le contexte de la vente.

 

Article sur la revente de l'épicerie mercerie de Saint Simon de Pellouaille en 1917

L’Indépendant de la Charente-Maritime du 11 novembre 1917

Une nouvelle vie de famille pour Fernand

Fernand se remarie le 10 juillet 1921, à Saint Simon de Pellouaille, avec Laure ROY, veuve DAUDET. Tous deux partent s’installer au hameau des Moreaux. Fernand y déménage notamment son atelier de tonnellerie. Un fils, Jean, naîtra de ce couple, en mai 1922.

Ce dernier se marie à Cozes en 1948. Son père et ses deux demi-sœurs sont présents. A cette occasion, une photographie est prise devant la porte de l’église. Il s’agit de la seule photo, en ma possession, sur laquelle apparaissent Fernand BODIN et ses deux filles Marie-Anne et Madeleine.

Trombinoscope de la famille Bodin - portraits tirés d'une photo de mariage de 1948

 

La disparition d’Alix METIVIER a été un choc pour beaucoup de monde. Son mari, bien entendu, pour qui la vie n’a plus été la même ensuite. Le destin de la famille a totalement basculé, avec la revente du commerce, et la séparation des deux filles. Mais c’est aussi tout un village qui a été touché par la mort de leur commerçante.

Marie-Anne et Madeleine n’ont plus jamais eu la même vie après le décès de leur mère. Adieu maman, adieu le bourg de Saint-Simon, adieu la vie de famille traditionnelle. Les deux sœurs n’ont plus jamais été aussi proches. Comme deux sœurs sans histoires pourraient l’être.

Cependant, les descendants sont là, pour reprendre contact, et échanger ! C’est ainsi que j’ai pu entrer en contact avec une petite fille de Marie Anne BODIN. La généalogie rapproche et rassemble. Elle nous enrichit d’histoire familiale.

Liste mémo des recherches à effectuer aux AD17

Un nouvel article sera rédigé, lorsque j’aurai exploré les pistes de recherche de ma liste mémo, aux Archives Départementales de la Charente-Maritime

Cet article est rédigé dans le cadre des ateliers blog de CLG Formation-Recherches. Le thème du mois de mars est : « une femme »

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