Certains ancêtres marquent plus que d’autres la vie d’une famille. On se souvient généralement de ces personnes en raison d’un de leurs traits de personnalité (leur humour, leur gentillesse, etc.), de leur charisme ou parce qu’ils ont réalisé un acte spectaculaire, voire héroïque. Et il y a les autres, ceux dont on ne se souvient que très peu, et pour lesquels il faut fouiller longuement avant de trouver des éléments de leur vie. Alix Angélina METIVIER est l’une de ces personnes. Une femme qui, malgré sa courte vie, mérite bien un coup de projecteur.
J’ai rédigé la vie de cette femme, mon arrière-arrière-grand-mère, à partir d’informations récupérées au sein de ma famille, dans les archives en ligne de la Charente-Maritime et quelques articles de presse ancienne. Au fur et à mesure du récit de la vie d’Alix Angélina METIVIER, j’ajouterai quelques pistes de recherches à faire sur place aux Archives Départementales, qui me permettront d’étoffer son histoire. Ces pistes, ces conseils, vous serviront aussi peut-être à retracer la vie de certains de vos ancêtres ! Retracer la vie d’une femme n’est pas aussi simple que pour un homme!
Sa naissance, dans une famille de classe moyenne
Alix Angélina METIVIER voit le jour le mardi 18 mai 1880 au domicile de ses parents, au bourg de Montpellier-de-Médillan, à une vingtaine de kilomètres de Saintes. Elle est la dernière enfant de Monsieur Pierre Alexis METIVIER et de sa femme Zélida GRILLET, un couple de propriétaires cultivateurs quadragénaires, plutôt aisés, tous les deux originaires de la région.
Treize ans après leur mariage en 1861, Zélida met au monde leur premier enfant, Timoléon, le 24 novembre 1874. Serrurier, puis forgeron et mécanicien, il se marie à deux reprises, et finira sa vie en Dordogne, à Mussidan, où il décède le 26 mai 1932. En 1877, arrive Marie Delphine, qui nait le 11 février. Mariée toute sa vie à Raphaël Adrien GUIGNER, peintre décorateur de profession, elle vit avec lui à Mussidan, où je retrouve leur trace jusque dans les années 30. Elle serait décédée à Bergerac, mais cette information reste à vérifier. Rachel est le troisième de la fratrie : né en mars 1879, il décède, de manière précoce, en juin de la même année, à l’âge de trois mois.
Des parents séparés
Il faut dire que cet enfant est né au mauvais moment, puisque ses parents Pierre Alexis METIVIER et Zélida GRILLET ne s’entendent plus et souhaitent se séparer. En 1879-1880, le divorce est interdit en France. La seule solution pour un homme et sa femme est alors d’opter pour une séparation de biens, et/ou de corps. On trouve une trace de cette séparation dans la presse:
Les jugements de séparation de biens, de corps ou de divorces peuvent être retrouvés dans les archives de la justice, en série B pour l’ancien régime, L pour la période révolutionnaire et U pour la période postrévolutionnaire. On sait que le jugement a été rendu au tribunal civil de Saintes le 14 mai 1879. Si le jugement a été conservé, il devrait nous en apprendre un peu plus sur cet épisode de leur vie.
Alix Angélina nait un an plus tard, dans ce contexte familial plutôt compliqué : deux enfants âgés de 6 et 3 ans, un petit garçon décédé il y a à peine un an et des parents séparés, mais vivant toujours sous le même toit, comme nous le confirme l’acte de naissance.
Une jeunesse à Montpellier, loin de son père
Je n’ai retrouvé que très peu de choses sur les premières années d’Alix Angélina à Montpellier-de-Médillan. Elle a très certainement grandi avec son grand frère et sa grande sœur, mais aucun fichier de recensement disponible avant 1896 ne permet de le confirmer.
En 1887, Pierre Alexis METIVIER est retrouvé mort chez lui, à Saint Sigismond de Clermont, à plus de 30 kilomètres de là où se trouve sa femme, ses enfants et son village natal. Après l’autorisation du divorce en France à partir de 1884, peut-être que le couple a pu divorcer, ce dont je doute néanmoins puisque l’acte de décès de Pierre Alexis mentionne qu’il est bien marié à Zélida GRILLET ce, bien qu’il demeure à Saint-Sigismond-de-Clermont.
Pour mieux comprendre la situation dans laquelle se trouve la famille lors du décès de Pierre Alexis METIVIER, il faut trouver sa déclaration de succession aux Archives Départementales. La date de la déclaration de succession peut être retrouvée dans les Tables de Successions et Absences (TSA) qui nous redirigent ensuite vers les registres des déclarations de mutations par décès. Etant donnée leur situation, il est fort probable qu’une déclaration de succession existe ! Cela se passe en sous-série 3Q aux Archives Départementales.
Suite au décès du père de famille, un conseil de famille a dû se réunir pour nommer un tuteur et un subrogé tuteur aux trois enfants mineurs. Même si dans la majorité des cas, lors du décès du père, la tutelle des enfants revient à la mère, un conseil de famille doit être réuni pour délibérer devant le Juge de Paix.
L’acte du conseil de famille devrait se trouver en série U des Archives Départementales. Cet acte reprend habituellement le contexte familial, puis cite tous les membres convoqués par le conseil de famille, ainsi que leurs liens à la famille. Ce document est très intéressant en termes de contenu pour étoffer la vie de nos ancêtres.
Un premier succès, sa scolarité
Après le décès de son père, Alix reste vivre Montpellier-de-Médillan. Elle vit avec sa mère, qui la scolarise dans l’école du village. Au printemps 1892, elle est alors âgée de douze ans. C’est l’âge ou beaucoup d’enfants scolarisés passent leur Certificat d’Etudes. Alix Angélina est choisie par son instituteur, Joseph ROBIN, qui l’inscrit sur la liste des candidats avant de la transmettre au maire du village, Clodomir GAGNIER. Le 13 juin 1892, elle passe des épreuves écrites et orales devant la commission cantonale de Gémozac. Dictée d’orthographe, questions d’arithmétiques, rédaction, lecture, histoire et géographie et des travaux de couture composent ce programme bien chargé! Elle décroche son diplôme avec brio ! Sa mère le fait encadrer. Il est toujours resté dans la famille depuis plus de 130 ans. La preuve de la réussite et de l’ascension sociale que de diplôme représente à la fin du XIXè siècle.
L’obtention du Certificat d’Etudes est, pour certains, synonyme de début de la vie active, et pour d’autre, de poursuite des études. Je ne sais pas quelle voie a choisi Alix. Je perds sa trace pendant toute son adolescence. Est-elle restée travailler en tant que domestique dans son village ou aux alentours ? Est-elle partie continuer ses études ailleurs ? Mystère…
Sa vie de jeune femme, un parcours flou
En 1896, Alix vit chez son oncle, Emile METIVIER, propriétaire demeurant dans la commune voisine de Rioux. La jeune femme y travaille-t-elle ? Je n’ai pas de réponse à donner. Le recensement de cette année-là indique qu’elle est sans profession. Pourquoi ne vit-elle plus chez sa mère ? Une autre question à laquelle je n’ai pas encore trouvé la réponse.
En 1902, Alix a 22 ans. Elle est le témoin de mariage de sa grande sœur, Delphine. Son union avec Raphaël GUIGNER est célébrée à la mairie de Rioux. Alix y est dite « sans profession » et habitante de la commune. C’est pour cette occasion que j’ai pu récupérer sa signature :
Récemment, parmi les trésors familiaux de mon grand-père, j’ai trouvé, une trace d’Alix. Une carte postale de juillet 1904 lui a été adressée au n°28 de la rue Charpentier, à Caudéran. Cette commune n’existe plus, il s’agit désormais d’un quartier de Bordeaux. Aucune information sur la carte n’est véritablement exploitable pour en savoir plus à propos de son expéditrice, si ce n’est son prénom, Marie. Je suppose qu’à cette époque, Alix vivait avec sa sœur Delphine et son beau-frère Raphaël. Ce couple semble avoir eu des attaches en Gironde, avant de s’installer en Dordogne.
Voici le lien vers la deuxième partie de cet article, « La vie d’une femme, Alix Métivier »
Cet article est rédigé dans le cadre des ateliers blog de CLG Formation-Recherches. Le thème du mois de mars est : « une femme »
Bravo pour cette première partie. Et pour ton blog en général. Du coup je suis allé sur ta page Facebook et suis ébahi par le travail de nettoyage des tombes. J’en parlerai autour de moi… A bientôt !
Merci Régis, ton commentaire est encourageant!
Très beau billet, hâte de lire la suite ☺️